Analyses

L'essor de l'apprentissage et ses effets sur l'emploi et l'Assurance chômage

Alors que le nombre d’entrées en apprentissage atteint un niveau inédit, l’Unédic analyse les conséquences de ce développement fulgurant sur l’emploi et sur le régime d’assurance chômage.

Unédic

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6 décembre 2022

La France n'avait jamais enregistré un niveau d'entrées en apprentissage aussi élevé qu'en 2021. Ce boom sans précédent est la conséquence du plan 1jeune1solution, déployé en réponse à la crise de la Covid-19 à partir de juillet 2020. L'aide exceptionnelle déployée dans le cadre de ce plan d'urgence amplifie les efforts consacrés à l'apprentissage dans le cadre de la réforme de 2018. Tous les niveaux d'études y sont éligibles, et toutes les entreprises qui recrutent des apprentis. L'aide versée par l'Etat pour chaque apprenti recruté est aussi sensiblement plus élevée : 8 000 € la première année pour un majeur, contre 4 125 € dans le cadre du précédent dispositif. Estimé à 4,4 Md€ par la Cour des comptes pour 2021 - 2021, cet effort considérable n'est pas sans conséquence sur le profil des apprentis, sur l'emploi et sur l'Assurance chômage. Dans cette note, l'analyse est consacrée aux contrats d'apprentissage effectués dans le secteur privé, qui représentent 97% de l'ensemble des entrées en apprentissage.

Entre 2015 et 2017, les entrées en contrat d'apprentissage étaient de l'ordre de 280 000 par an en moyenne. La réforme de 2018 a produit une augmentation substantielle des entrées : près de 350 000 en 2019. L'aide exceptionnelle à l'apprentissage déployée dans le cadre du plan 1jeune1solution a engendré une accélération supplémentaire avec près de 720 000 entrées en 2021, qui s'est accompagnée d'une importante augmentation des diplômés du supérieur (Bac +2 et plus) au point qu'ils représentaient 61% des entrées en apprentissage en 2021 contre 38% en 2018 selon la Dares. Et l'élan se poursuit : la trajectoire des entrées en apprentissage en 2022 connue à ce jour surpasse celle de 2021.

Le plan 1jeune1solution visait à préserver les jeunes des conséquences de la crise sanitaire limitant ou empêchant leur insertion professionnelle. Selon différentes évaluations produites par l'OFCE, l'Insee ou encore l'Urssaf Caisse nationale, le dispositif a ainsi contribué de manière sensible à la croissance de l'emploi dans le contexte de reprise économique qui a suivi la fin des confinements. L'aide exceptionnelle à l'apprentissage, son succès et la modification du profil des apprentis en faveur des diplômés du supérieur qui en découle ont pu modifier le fonctionnement du marché de l'emploi, car les diplômés du supérieur rencontrent généralement moins de difficultés à s'y insérer que les publics traditionnellement ciblés par l'apprentissage. Des effets de substitution, d'aubaine ou d'opportunité ont pu entrer en jeu. Davantage de recul est nécessaire pour une estimation plus complète du phénomène.

Un impact difficile à estimer sur l'Assurance chômage

En outre, alors que le chômage des jeunes a fortement baissé en sortie de crise, le rôle de l'essor de l'apprentissage dans cette évolution est limité ; plusieurs autres facteurs étant également à l'œuvre à commencer par les autres mesures sur plan 1jeune1solution. En revanche, le chômage aurait pu se dégrader nettement plus en l'absence de ce plan.

Le régime d'assurance chômage est affecté par ces évolutions. Un effet « mécanique » se manifeste avec l'accroissement des dépenses d'indemnisation pour les sortants d'apprentissage. Même si l'effet favorable sur l'insertion professionnelle est globalement établi, une partie des apprentis peuvent se trouver privés d'emploi à l'issue de leur période d'apprentissage et devenir allocataires de l'Assurance chômage. Avec des effectifs d'apprentis en très forte hausse, le nombre de sortants s'inscrivant au chômage a donc augmenté. En revanche, cette augmentation est bien moins importante que la progression des entrées en apprentissage. L'impact de cette évolution sur les finances du régime d'assurance chômage est difficile à estimer. Là encore, davantage de recul est nécessaire pour établir une estimation exhaustive.

Enfin, la question de la pérennité des fortes entrées en apprentissage est posée car leur essor semble dépendant de l'aide exceptionnelle mise en place durant la crise sanitaire.

  • Je termine un apprentissage ou un contrat de professionnalisation. Aurai-je droit aux allocations chômage ?

    À la différence d’un stagiaire, un apprenti ou une personne en contrat de professionnalisation a conclu un contrat de travail. En tant que salarié, vous êtes donc assuré en cas de chômage. Si à l’issue de votre contrat, vous n’avez pas trouvé de travail ou si votre contrat a été rompu, vous pouvez bénéficier d’allocations chômage.

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