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L’accès aux données, au cœur de la stratégie de l’Unédic

Comme l’a rappelé le président de l'Unédic Jean-Eudes Tesson dans son interview pour Transitions, la maîtrise des données est devenue un enjeu essentiel. Pour en parler, nous avons réuni Lara Muller, directrice des études et analyses et Vincent Roberti, directeur des services numériques et de la stratégie de la donnée.

11 avril 2024

Quelle importance ont les données pour l’Unédic ?

Lara Muller : La mesure et l’évaluation sont au centre de la maîtrise de toute activité et de la définition de la stratégie de chaque organisation. Mesurer, quantifier, évaluer est nécessaire pour savoir comment l’organisation évolue, quels sont ses résultats, etc. Avec l’explosion actuelle des données et le développement exponentiel des capacités de stockage et de traitement, l’enjeu devient énorme pour tout le monde. Et l’Unédic n’échappe pas à la règle. 

Vincent Roberti : Je rajouterais qu’il y a aussi un enjeu important sur la qualité de la donnée. Pour réaliser des études et analyser les trajectoires professionnelles, il faut s’appuyer sur des données de qualité, bien renseignées, qui vont nous permettre de les traiter même dans des volumes importants. Ce n’est pas neutre, parce que derrière ces données, ce sont des réalités concrètes qui touchent directement la vie des allocataires. 

La mesure et l’évaluation sont au centre de la maîtrise de toute activité et de la définition de la stratégie de chaque organisation.

Lara Muller - Directrice des études et analyses

Plus précisément, de quelles données l’Unédic a-t-elle besoin, pour quel usage ?

Lara Muller : Nous avons besoin de données pour plusieurs usages. Tout d’abord, pour la bonne gestion financière du régime. Nous devons prévoir comment nos dépenses et nos recettes vont évoluer, ce qui passe par une connaissance fine des trajectoires des demandeurs d’emploi et de la dynamique du marché du travail. 

Elles nous sont aussi utiles pour éclairer les partenaires sociaux dans leurs décisions et notamment sur l’évolution des règles, comme lors des dernières négociations, à l’aide de simulations et de chiffrages nombreux. Enfin, les données sont précieuses pour la connaissance des publics couverts et l’évaluation des effets des règles

Pour tous ces usages, nous avons besoin de données individuelles et détaillées. Elles seules nous permettent de mener des analyses fines mais aussi des appariements pour identifier les parcours d’emploi sur la totalité d’une vie professionnelle. 

Vincent Roberti : Et très concrètement, nous avons aussi besoin d’avoir accès aux données du Répertoire de gestion des carrières unique (RGCU) pour financer les points de retraite complémentaire des allocataires de l’Assurance chômage, ainsi qu’aux données financières de France Travail pour assurer le suivi du financement de l’opérateur et du paiement des allocations chômage.

Quels sont les choix technologiques effectués par l’Unédic pour traiter ces données ?

Vincent Roberti : L’Unédic a une place particulière. Nous ne sommes pas un opérateur de l’État, pas un service statistique ministériel, nous sommes une sorte d’ovni, et qui plus est, un petit ovni, avec seulement une centaine de salariés ! Nous dépendons en partie des autres pour accéder aux données. Il est donc vital d’être irréprochable sur les questions de fiabilité et de sécurité de notre SI.

Ainsi, nous avons fait des choix technologiques très ambitieux. Tout d’abord, nous avons internalisé des compétences, pour moins dépendre de prestataires extérieurs et avoir ainsi davantage de maîtrise et d’agilité.

Depuis 2021, nous bénéficions d’une plateforme Big Data qui permet de stocker et sécuriser les données. Ce saut technologique nous a permis de diviser par six ou sept le temps de traitement des données par la direction des études et analyses. 

Nous sommes par ailleurs certifiés ISO 27001, ce qui témoigne du haut niveau de conformité SI renforçant la protection de nos données. 

Ces choix technologiques, portés par la direction générale et accueillis avec enthousiasme par nos équipes, sont reconnus aujourd’hui par les autres organismes de notre écosystème. 

Lara Muller : Et ils nous permettent aussi une grande réactivité. Pendant les dernières négociations sur le régime d’assurance chômage, nous avons produit dix fois plus d’analyses et de simulations que lors des précédentes éditions.

Au dernier trimestre 2022, l’Unédic a ouvert ses données en open data. Pourquoi cette décision et quel est l’impact du portail data.unedic.org ?

Vincent Roberti : Cette plateforme propose des jeux de données à la norme open data, dans des formats téléchargeables, facilement réutilisables par le biais d’API (interface de programmation d’application). C’est un enjeu de transparence, un enjeu démocratique de permettre à la société civile de consulter une partie des données dont nous disposons. Cette vision est la nôtre et elle est aussi celle des partenaires sociaux. Par ailleurs, les données, par essence, sont faites pour être partagées : plus une donnée est utilisée, plus elle prend de la valeur.

Sur les trois derniers mois, ce portail a été consulté par 2000 utilisateurs et fait l’objet de 212 000 appels d’API. Les données les plus téléchargées sont les indicateurs de suivi de l’Assurance chômage.

C’est un enjeu de transparence, un enjeu démocratique de permettre à la société civile de consulter une partie des données dont nous disposons.

Vincent Roberti - Directeur des services numériques et de la stratégie de la donnée

L’intelligence artificielle est-elle un enjeu important pour vous ? Avez-vous des projets dans ce domaine ?

Vincent Roberti : Nous ne partons pas de rien. Nous avons déjà un chatbot mis à la disposition de nos équipes, de la Gouvernance, des mandatés IPR et des conseillers France Travail qui permet d’obtenir des réponses relatives à la réglementation. L’Unédic écrit les règles du régime d’assurance chômage, elle est donc la mieux placée pour donner une réponse fiable, qui tienne compte des dernières évolutions de la réglementation. 

Aujourd’hui nous allons donc plus loin en utilisant les technologies de l’IA générative : le robot va pouvoir dialoguer et s’adapter aux demandes précises de l’interlocuteur. L’idée n’est pas de concurrencer ChatGPT, mais au contraire de proposer des réponses plus compréhensibles à des questions réglementaires comme « Quel est le taux de contribution que l’employeur public doit verser pour ses apprentis ?».  

Lara Muller : En termes d’analyse et de programmation aussi l’IA est porteuse de potentialités nouvelles, et nous la pratiquons déjà à l’Unédic ! Pour optimiser nos programmes de simulations par exemple ou encore dans nos méthodes d’analyse des parcours. Nos métiers évoluent et nous veillons à rester en pointe sur les outils utiles dans notre domaine.

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Consulter le magazine Transitions, le rapport annuel 2023 de l'Unédic

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