En bref

Baromètre Unédic : Comment les Français jugent-ils leur vie professionnelle ?

S’ils se déclarent majoritairement «satisfaits» de leur vie professionnelle, les Français se montrent plus positifs lorsqu’on les interroge sur d’autres aspects de leur quotidien.

Unédic

Adrien Gaboulaud

27 avril 2022

Deux tiers des Français se disent «très» ou «assez satisfaits» de leur vie professionnelle, selon le troisième volet du Baromètre Unédic de la perception du chômage, dont les conclusions principales ont été dévoilées mi-décembre. Cette vaste enquête a été réalisée par Elabe auprès d'un panel représentatif des résidents en France métropolitaine âgés de 15 ans et plus. Un échantillon de 1500 demandeurs d'emplois inscrits à Pôle emploi a également été interrogé. Des données complémentaires provenant de ce Baromètre ont déjà permis d'explorer la question du sens du travail, ainsi que celle des envies de changement professionnel. Les résultats présentés ici mettent en regard le rapport au travail avec d'autres éléments de la vie personnelle des personnes interrogées.

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La proportion de 66% de satisfaits, qui peut paraître élevée, est à remettre en contexte. D'abord parce qu'elle signifie qu'un tiers des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de leur vie professionnelle, avec 12% -soit près d'une sur huit- qui se déclarent même «pas du tout satisfaites». Autre élément significatif, il semble que la vie professionnelle soit l'aspect le moins positif si l'on considère les autres questions posées par Elabe -sur la santé, la vie familiale, la vie sociale, le moral.

Les ouvriers plus insatisfaits que les cadres

Un autre contraste se fait jour si l'on prend en compte les différentes catégories de personnes interrogées. Si l'on considère le sexe, les femmes apparaissent plus insatisfaites que les hommes (+4 points).

Du point de vue de l'âge, les 30 à 39 ans et les 50 à 59 ans expriment une satisfaction sensiblement inférieure à la moyenne de 66% (60%, -6 points).

En observant les catégories socio-professionnelles, il semble que les agriculteurs, artisans et commerçants affichent la plus forte satisfaction (71%, +5 points par rapport à la moyenne ; il faut toutefois souligner que l'agrégation des agriculteurs avec les artisans et commerçants ne permet pas de rendre compte de l'hétérogénéité des situations de cette catégorie ni des difficultés spécifiques au monde agricole). C'est mieux que les cadres et professions intellectuelles supérieures (69%, +3 points). Les ouvriers, en revanche, sont de très loin les plus insatisfaits : seuls 56% (-10 points par rapport à la moyenne) s'affirment satisfaits.

Le contraste est fort, également, entre les personnes non diplômées (65% de satisfaits, -1 point par rapport à la moyenne) et les titulaires d'un Bac+5 ou plus (79% de satisfaits, +13 points par rapport à la moyenne).

Enfin, les travailleurs indépendants sont plus nombreux que l'ensemble des actifs à se dire satisfaits de leur vie professionnelle (74%, +8 points).

La situation financière est un autre critère qui pèse sur la satisfaction, avec seulement 36% de satisfaits (-30 points par rapport à la moyenne) chez les personnes rencontrant les plus grandes difficultés. Ce constat apparaît cohérent avec d'autres éléments du Baromètre Unédic : plus d'un quart des répondants évoquent en premier la capacité à «subvenir à [leurs] besoins et à ceux de [leur] famille» lorsqu'on les questionne sur leurs attentes vis-à-vis du travail.

«Chercher un épanouissement personnel et social»

Ces seules données ne permettent pas d'identifier ce qui détermine le regard que portent les Français sur leur travail, même si certains éléments du Baromètre Unédic apportent un éclairage. Intervenant dans le podcast «Point de suspension(s)», Laurence Bedeau, associée au cabinet Elabe, note ainsi des évolutions profondes. «Pour huit Français sur dix, le travail occupe une place importante dans la vie. Il y a d'abord une approche très pragmatique et fondamentale : subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Ce qui est beaucoup plus nouveau, c'est qu'il y a aujourd'hui -quasiment au même niveau- une recherche d'un métier que l'on aime ; aimer faire ce que l'on fait au quotidien. Et s'ajoute à cela ce besoin de plus en plus présent, quelles que soient les catégories socio-professionnelles qu'on considère, d'être utile, de se sentir utile. Très longtemps dans nos sociétés le travail a d'abord été un moyen de vivre, si possible de bien vivre ; il l'est toujours aujourd'hui bien entendu (…) mais s'ajoute à cela un travail dans lequel on va chercher un épanouissement personnel et social», déclare-t-elle.