En bref

Baromètre Unédic : Optimisme individuel et pessimisme collectif, deux prismes sur l'emploi et le chômage

Plusieurs questions posées dans le cadre du Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, réalisé pour l’Unédic par l’institut Elabe, éclairent le regard que portent les Français sur l’emploi, selon qu’ils considèrent la question de leur point de vue personnel ou qu’ils évaluent la situation de l’emploi en général.

Unédic

Adrien Gaboulaud

25 avril 2023

  • Baromètre Unédic de la perception du chômage et de l'emploi

    Dans le cadre de la quatrième édition du Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, l’institut Elabe a analysé pour l’Unédic le regard des Français sur la situation de l’emploi, et leurs représentations du chômage. Les trois volets précédents du Baromètre avaient été réalisés respectivement en mars 2020 (avant la crise Covid-19), juillet 2020 et septembre 2021.

    Consulter les résultats

A la rentrée de septembre 2022, lorsque l’institut Elabe entreprend d’interroger les Français dans le cadre du Baromètre Unédic de la perception du chômage et de l’emploi, l’horizon économique est marqué par de sombres perspectives, en raison d’une inflation qui demeure une des principales sources d’inquiétude et d’un contexte international ébranlé par la guerre en Ukraine. Malgré ce contexte, une large majorité de personnes interrogées semble confiantes dans leur avenir professionnel.

Dans l’ensemble, 66% des Français interrogés se déclarent « optimiste », dont 16% « très optimiste ». La part de personnes se déclarant à l’inverse « pessimiste » est loin d’être anecdotique : 34% des répondantes et répondants, dont 9% se déclarent « très pessimistes » (Graphique 1).

Un optimisme inégalement réparti

En examinant les résultats selon différents critères, il apparaît que le niveau d’optimisme est inégalement réparti. Les jeunes, les cadres et les plus aisés sont les plus optimistes. Pour les personnes qui se disent « obligées de puiser dans leurs réserves ou qu’on leur prête de l’argent pour boucler leurs fins de mois », la proportion d’optimistes tombe à 54% (Graphique 1).

Lorsqu’on les interroge sur leur avenir professionnel, les demandeurs d’emploi, sollicités par Elabe sur la base d’un échantillon représentatif extrait du Fichier national des allocataires, sont à peine moins optimistes (63% contre 66%) que l’ensemble des Français (Graphique 2). On peut noter qu’un précédent volet du Baromètre Unédic, réalisé à l’été 2020, avait donné des résultats bien différents. Plongés dans les incertitudes des premières vagues pandémiques, les demandeurs d’emploi étaient alors une majorité (52%) à se dire pessimistes sur leur propre avenir professionnel, à l’inverse de l’ensemble des Français, qui étaient 60% à s’estimer optimistes sur la question de leur avenir professionnel.

Autre fait révélateur de la progression de l’optimisme parmi les Français interrogés dans le cadre du Baromètre : au fil des quatre volets de l’enquête, publiés depuis avril 2020, ils sont de moins en moins nombreux à craindre une période de chômage dans les deux prochaines années (Graphique 3). Pour les demandeurs d’emploi, c’est l’espoir de retrouver un emploi de 6 mois ou plus (ou un CDI) qui a sensiblement progressé au fil du temps (Graphique 4).

Concernant la situation de l’emploi en général, le pessimisme est majoritaire

Si les Français font preuve pour eux-mêmes d’un relatif optimisme, ils paraissent beaucoup plus pessimistes lorsqu’on les interroge sur la situation de l’emploi en général. Ils restent majoritairement convaincus que la situation de l’emploi se dégrade, même si, en 2022, une part un peu plus importante perçoit une amélioration (Graphique 5). Ce résultat fait écho aux conclusions d’autres enquêtes, qui montrent que les Français ont une tendance au pessimisme en matière d’emploi. Par exemple, en 2017, la « Note de conjoncture sociétale » du Crédoc montrait que, de 1985 à 2017, les Français sont une majorité à penser que « le chômage va augmenter pendant des années », avec quelques brefs épisodes d’optimisme : entre 2000 et 2002, puis juste avant la crise de 2008.

Lorsqu’on propose aux répondantes et répondants d’estimer le taux de chômage actuel en France, la moyenne de ces estimations est à chaque fois assez supérieure au taux de chômage publié par l’Insee (Graphique 6). Cependant, on constate au fil des parutions du Baromètre que la courbe des estimations suit des évolutions proches de la courbe du taux de chômage.

Ces perceptions négatives quant à la situation de l’emploi s’inscrivent dans un contexte de préoccupations pour l’avenir : 49% des Français pensent que la situation de l’emploi dans 10 ans sera moins bonne qu’aujourd’hui et une part substantielle d’entre eux redoutent les effets sur l’emploi de la transition écologique (22% anticipent plus de destructions que de créations d’emploi), du vieillissement de la population (33%) et des évolutions technologiques du numérique (41%).

Malgré ces appréhensions, 82% des personnes interrogées s’estiment capable de s’adapter aux évolutions qui pourraient toucher leur métier dans les dix prochaines années.