Analyses

Bismarck / Beveridge : deux modèles de l’indemnisation du chômage en Europe

Tous les mois, l’Unedic sort de l’hexagone et part explorer la façon dont nos voisins européens indemnisent les demandeurs d’emploi. Le premier éclairage de cette série prend un peu de recul pour analyser les modèles fondateurs de l’indemnisation du chômage en Europe.

Unédic

Guillaume Foki

13 décembre 2019

Bismarck ou Beveridge ? Assurance ou assistance ? Droit universel ou revenu de remplacement basé sur l'emploi ? Les deux systèmes d'indemnisation des périodes de chômage reposent sur des visions divergentes de la protection sociale. Pour tout comprendre, l'Unedic décrypte les principales différences entre les deux modèles.

Assurance professionnelle vs assurance universelle

En Europe, deux modèles de protection sociale des chômeurs existent : le modèle « bismarckien », conçu en Allemagne à la fin du XIXème siècle par le chancelier Otto von Bismarck et le modèle « beveridgien », conçu en Angleterre par l'économiste et homme politique William Beveridge à la fin de la seconde guerre mondiale.

Dans le premier système, la logique de contribution fonde le régime. À la manière d'une assurance, les salariés cotisent pour acquérir des droits. En cas de chômage, les droits acquis garantissent aux demandeurs d'emploi un revenu de remplacement pendant une période donnée.

Le second modèle repose sur trois grands principes : unité, universalité, uniformité. C'est l'appartenance à la communauté nationale qui fonde le droit à une indemnisation du chômage, sans rapport avec les emplois exercés.

Tandis que le régime bismarckien vise le maintien du niveau de vie des personnes privées d'emploi, le modèle anglais garantit une protection égalitaire de base pour lutter contre la pauvreté.

Fondés sur un système de solidarité interprofessionnelle, les régimes d'assurance chômage d'inspiration bismarckienne sont administrés par les partenaires sociaux. Les régimes beveridgiens sont gérés directement par l'Etat.

En France, le régime demeure essentiellement bismarckien, puisqu'il accorde un revenu de remplacement aux salariés privés d'emploi et est administré par les partenaires sociaux.

L'évolution de son financement introduit néanmoins un principe d'inspiration beveridgienne. Les cotisations salariales ont été remplacées par le prélèvement d'une fraction de CSG. Le régime d'assurance chômage n'est donc plus uniquement financé par les salariés et les employeurs, mais aussi par l'impôt.

Les 7 différences entre le modèle de Bismarck et le modèle de Beveridge

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